jeudi 28 février 2013

Et si on arrêtait de payer ! Interview de Olivier Bonfond (Agoravox)




Olivier Bonfond, économiste, conseiller au CEPAG, pour son livre « Et si on arrêtait de payer ? 10 Questions/Réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité ». Pédagogique et percutant !

Vidéo de 30 minutes pour comprendre la dette belge et ce qui va (est en train de) nous tomber dessus si on ne réagit pas. Elle permet d’apporter tout d’abord des réflexions et des arguments face au discours dominant actuel et proposer des alternatives face à la ligne de conduite actuelle et son crédo "TINA". Cette vidéo est une collaboration entre le CADTM et le CEPAG/FGTB. En commentaire, le lien d’une action d’audit de la dette de Verviers qui se déroulera mardi 29.

L’Europe vient-elle d’ouvrir la porte à des dizaines d’OGM ? (Basta)

Santé publique

L’Europe vient-elle d’ouvrir la porte à des dizaines d’OGM ?

Par Sophie Chapelle (28 février 2013)
Un nouveau règlement européen censé renforcer les évaluations sanitaires des plantes génétiquement modifiées (PGM) vient d’être voté, le 25 février. Il a été adopté à la majorité qualifiée par les représentants des 27 gouvernements de l’Union européenne, réunis au sein du Comité permanent de la chaîne alimentaire. Ce règlement « comporte une part d’amélioration », reconnait l’association Inf’Ogm. Les demandeurs d’autorisations commerciales devront désormais fournir des analyses de toxicologie (jusque-là non obligatoires), et conduire des analyses basées sur des statistiques suffisantes. Les études de toxicité devront également être menées sur 90 jours, contre 17 auparavant.
Ce nouveau règlement devrait rassurer le consommateur. Mais dans un communiqué commun, plusieurs organisations syndicales et écologistes [1] s’insurgent contre ce qu’elles nomment une « supercherie » : ces « améliorations » s’appliqueront seulement aux demandes d’autorisations déposées six mois après l’adoption de ce règlement. Quid des 93 dossiers en attente, dont 27 demandes d’autorisation de culture de PGM sur le sol européen [2] ? « Ces OGM seront "évalués" suivant les protocoles les plus laxistes qui ont permis l’autorisation systématique de l’écrasante majorité des OGM examinés jusqu’à ce jour par les comités d’experts européens », écrivent les organisations.
La Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments avaient reconnu que « l’évaluation des risques telle que conduite jusqu’à maintenant [était] insuffisante », souligne Inf’Ogm. C’est pourtant sur la base de ces anciens critères d’évaluation que pourraient être autorisées plusieurs plantes génétiquement modifiées en Europe. Les organisations signataires du communiqué dénoncent un « recul scandaleux qui va contre l’intérêt général ». Elles attendent du gouvernement français qu’il indique comment il compte s’opposer à cette dérive. Et insistent sur le fait que 27 nouveaux OGM pourraient bientôt envahir les champs.

Notes

[1] Amis de la terre, FNAB, Confédération paysanne, FNE, Greenpeace, UNAF
[2] Les autres dossiers concernent des importations de PGM produites à l’étranger.

Nous sommes à la veille d’une révolution (Agoravox)

Nous sommes à la veille d’une révolution
 


Les questions des journalistes restent entièrement formatées, bien normalisées n’écorchant pas le dogme que leur fournissent les think tank.

Sans jamais se poser la question sur les tenants et les aboutissants de la dette, Ils croient ou font semblant de croire dans le dogme de sa réduction et la fatalité de l’austérité. Remettre en cause la dette et l’euro dépasse bien sûr leur entenderment.

L’un d’eux espère encore voir des jours meilleurs, mais toujours avec la même logique qui a eu pour conséquence ce désastre.

Ils demandent à Dupont-Aignan s’il n’a pas peur d’être pris pour de l’extrême droite. En résumé, un grand fasciste antisémite.

On est en droit de comprendre que pour éviter d’être pris pour de la droite extrême, fasciste et antisémite, il faut continuer à défendre le Veau-d’Europe

                                 

Le chantage à l’ANI de Laurence Parisot (G. Filoche)

Le chantage à l’ANI de Laurence Parisot

Dans son interview à RTL (Le grand Jury) le 3 février 2013 Laurence Parisot a fait une déclaration incroyable ! A la question de savoir si le MEDEF pourrait revenir sur la signature de l’ANI (signé le 11 janvier à Wagram avec des syndicats minoritaires), s’il était modifié par les parlementaires, elle répond :
« Oui c’est une façon de le dire. Nous dirions que ce n’est plus l’accord que nous avons signé, et nous mettrions ça suffisamment en cause pour que les investisseurs étrangers changent d’avis sur la France »

C’est juste une menace de trahison. Si les élus du peuple votent mal, je les livre eux et le peuple aux chiens « étrangers ». Reliez cela à la fameuse lettre du patron de Titan et à l’écho que lui ont donné les médias. La phrase de Parisot, c’est bien pire : c’est un aveu de chantage ouvert, un appel à spéculation de la part de l’étranger, une forme de coup de poignard assumé dans le dos des salariés et du gouvernement de notre pays. Du temps de la révolution française on aurait dit un « appel aux émigrés », le peuple a gagné à Valmy contre ceux-là. Et ne disons surtout rien sur la période où le patronat collaborait majoritairement avec les nazis en accusant le Front populaire.
Le gouvernement s’illusionne sur la possibilité d’obtenir l’appui du Medef pour « inverser la courbe du chômage en 2013 » et relancer « la croissance ». Pour cela, il a fait deux grandes offres : les « 20 milliards de crédit d’impôt » et la « transcription fidèle et loyale » de l’ANI.
Mais Laurence Parisot a répondu aux 20 milliards « pas question de contreparties » « il y a 1,2 million d’employeurs et il y aura 1,2 million de décisions »… qui en feront ce qu’ils veulent. Puis elle a rajouté que 20 milliards ce n’était pas assez, qu’il fallait prévoir 50 milliards.
Quand à l’ANI, le Medef a sablé le champagne rue de Wagram, le soir du 11 janvier. Pour lui c’est une victoire complète. Mais à la simple idée que la démocratie parlementaire joue, qu’une majorité de gauche n’avalise pas ce qu’une minorité syndicale a signé, Laurence Parisot sort les missiles : nous dirons partout, si l’ANI est changé d’un iota, qu’il ne faut pas faire confiance au gouvernement, nous le dénoncerons assez pour que les banquiers haussent leurs taux, et le lui fassent payer « suffisamment » cher.
Jamais le choix politique, de la part de la gauche, d’obtenir la confiance, de séduire le Medef n’aboutira : « Ennemis de la gauche et des salariés ils sont, ennemis ils se comporteront ! » La finance leur dicte leur loi.
Et l’aveu est là, limpide, de la part de Parisot : « si vous ne faites pas tout ce qu’on veut, on vous coule ! » Que le gouvernement et les députés ne croient pas une seule seconde, être « malins » et éviter cela. Ce genre de ruse n’a jamais marché » dans l’histoire, la gauche a toujours perdu à ce vain jeu. Ceux qui croient à la « ruse » avec le Medef pour éviter de l’affronter, sont naïfs, s’abusent et vont nous faire perdre.
L’argument qui consiste à dire « nous rétablissons les équilibres » en faisant un compromis avec le Medef, puis ensuite nous redistribuerons ce qui aura été reconstruit, avant la fin du quinquennat ne tient pas debout. D’abord, le Medef n’aidera pas, il licenciera plus facilement, grâce à l’ANI, puis il coulera l’économie suffisamment ce qui découragera le salariat suffisamment pour que ce soit la droite qui revienne, et alors le Medef obtiendra TOUT ce qu’il veut et pas seulement la « partie » qui lui est proposée.
Bruno Le Roux, dans une longue lettre, écrit : « La reconquête et la mobilisation de l’opinion sont pour nous une clef de la réussite à venir. Rien ne se fera sans le peuple et ce n’est pas sacrifier à l’emphase, au romantisme souvent prêté à la gauche que de dire cela. »
Sur ce point, il a raison, mais justement : le peuple se lasse des cadeaux à Parisot et Parisot, elle, se nourrit de la lassitude du peuple.
C’est ce qui fera perdre les élections : sans tournant à gauche du gouvernement vers la relance, disons-le, c’est mal parti pour 2014. Et si c’est perdu en 2014, Parisot en rajoutera face à un gouvernement affaibli électoralement, la « redistribution » promise n’aura jamais lieu ! On a déjà vu ces mécaniques inéluctables, on a déjà vu cela se terminer en déroute. Pas plus loin qu’en 1993 : combien resta t il de députés ?
Bruno Le Roux comprend et écrit encore : « Il est vrai que les sondages sont mauvais. Les cotes de popularité de l’exécutif baissent, stagnent et baissent à nouveau. Les partielles – mais c’est quasiment dans l’ordre des choses, qui plus est sur des terres de droite – les partielles sont perdues. Je sais que vous aussi, vous êtes nombreux à vous interroger et à demander à ce que la politique conduite depuis plus de sept mois maintenant, soit davantage expliquée, mise en perspective, que la cohérence qui l’anime soit mise au jour. C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire ces quelques lignes.
Parce que s’installe dans le pays, une impatience, qui ressemblerait presque à un espoir trompé, alors que ce n’est pas la réalité.
Parce que l’on sent poindre un peu partout, auprès de diverses catégories de la population, une certaine déception alors que celle-ci n’est pas justifiée, elle est sans fondement et ne pourra s’installer.
Parce que certains vont même jusqu’à retirer l’échelle parlant de désaveu, ce que je ne crois pas : nul part en tout cas, auprès de celles et ceux qui ont voté pour le changement en mai et juin dernier, je n’entends de regrets.
Au pire, peut- il y avoir un malentendu, un malentendu qu’il faut nommer d’ailleurs, qu’il faut ensuite chercher à lever – de quoi parle-t-on ?
Au pire, il peut y avoir un doute, un doute qui commence à s’exprimer, un doute qui vire au scepticisme ?
Au pire peut-il y avoir un scepticisme qui grandit et au final, se transforme en indifférence à la chose publique – “tous les mêmes” et “on se débrouille au quotidien sans rien attendre d’eux. On verra bien la suite.” – une indifférence qui signe un repli sur soi. »

Il est encore temps d’ouvrir les yeux, de comprendre le fond du comportement, le chantage auquel Parisot se livre. Il est temps de faire les gestes qui redynamiseraient la gauche. La gauche n’a pas besoin qu’on lui « explique mieux » elle n’est pas bête la gauche, elle sait, elle comprend. Elle sent surtout que rien n’a été fait de solide, de sérieux, d’essentiel, pour elle.
Parisot a eu 20 milliards et risque d’imposer l’ANI. Mais le salariat lui, n’a pas vu augmenter ses salaires et est menacé de recul grave du droit du travail. Il faut affronter et combattre le chantage éhonté de Parisot. C’est simple : il faut augmenter les salaires et baisser les dividendes. Il faut contrôler les licenciements, pas les faciliter. Cela veut dire affronter le chantage de la finance, comme promis.

Andalousie : des centaines d’ouvriers se réapproprient des terres livrées à la spéculation (Basta)

Face au néo-féodalisme

Andalousie : des centaines d’ouvriers se réapproprient des terres livrées à la spéculation

Par Philippe Baqué (28 février 2013)
Au sud de l’Espagne, des ouvriers agricoles occupent une ferme de 400 hectares, menacée par la spéculation. Ils contestent une répartition féodale des terres, réservées aux grands propriétaires. Et développent une agriculture biologique et paysanne, qui nourrira bientôt des milliers de personnes. Reportage en Andalousie, dans la ferme de Somonte, devenu le symbole d’une lutte populaire contre les inégalités et pour la souveraineté alimentaire. « Land and freedom », version 2013.
« Quand nous sommes arrivés à Somonte pour occuper les terres, c’était un matin très tôt, au lever du soleil, se souvient Javier Ballestero, ouvrier agricole andalou. J’ai été surpris par le silence. Il n’y avait pas d’oiseaux sur ces terres ! Pas de vie ! Rien ! » C’était il y a presque un an, le 4 mars 2012. Cinq cents journaliers agricoles, des habitants des villages voisins et des citoyens solidaires venus de toute la région ont commencé à occuper la « finca » (ferme en espagnol) de Somonte. Le lendemain, la propriété, qui appartient au gouvernement autonome régional, devait être vendue aux enchères, très certainement à l’un des puissants propriétaires terriens de la zone, qui l’aurait achetée à un prix avantageux.
Le SOC-SAT [1], syndicat d’ouvriers agricoles qui a organisé l’occupation, est habitué aux luttes foncières. C’est lui qui a mené tous les combats historiques des journaliers andalous depuis les années 70. Mais les occupations de terre ne datent pas d’aujourd’hui. En 1936, elles s’étaient multipliées. Javier évoque la répression féroce qui s’en suivit lors de la victoire des franquistes. Un puissant propriétaire terrien fit exécuter 350 journaliers à Palma del Rio, le village voisin de Somonte. La plupart des terres qui jouxtent la « finca » appartiennent aux descendants de cet homme.
« La terre est à vous. Reprenez-la ! »
En ce matin hivernal, une trentaine de personnes se pressent autour d’un brasero, installé devant la petite cuisine de la « finca ». Deux hommes réparent un vieux tracteur Fiat sur lequel est fiché un drapeau andalou portant le sigle SOC-SAT. Quand le tracteur finit par démarrer, des responsables du lieu répartissent les tâches entre les occupants et les visiteurs solidaires, selon les décisions prises la veille au soir en assemblée générale. Un groupe ira désherber le champ d’oignons dont les plants viennent d’être mis en terre. Un autre ramassera les piments, les Piquillo, la variété locale, rouge sang, qui seront ensuite mis à sécher en grappes. Le troisième groupe préparera le repas collectif de la mi-journée.
Une dizaine de militants portugais d’extrême gauche, en visite, et quelques militants français et espagnols, de passage ou séjournant à Somonte, se dirigent vers le hangar où est entreposé le matériel agricole. Peint sur le bâtiment, un slogan rappelle les enjeux de l’occupation : « Andalous, n’émigrez pas. Combattez ! La terre est à vous. Reprenez là ! » Au passage, les travailleurs matinaux croisent une patrouille de la Guardia civil, qui vient relever, comme tous les jours, les numéros des plaques d’immatriculation des voitures stationnées sur le parking de la ferme. A voix basse, les moqueries fusent. Les guardias demeurent indifférents. Ils ne descendent jamais de leur véhicule. Ils notent et repartent.
Développer une agriculture biologique paysanne
Près du hangar, sous les regards complices de Malcolm-X, Zapata et Geronimo, immortalisés par un artiste sur un mur, Javier et son collègue Pepe distribuent sarcles et bêches, puis accompagnent les militants jusqu’au champ d’oignons. Les allées sont interminables. Briefés par les deux hommes, les militants se courbent et s’accroupissent. Les herbes résistent, déchirent les doigts. Une main arrache par inadvertance un plant d’oignon. Un pied en écrase un autre. Difficile de s’improviser paysan. Ceux qui ont l’habitude avancent en ligne. Les autres tentent de s’appliquer, s’assoient, redressent leur dos... Les conversations vont bon train. Les chants révolutionnaires s’élèvent, repris en chœur.

Peu à peu, la brume se lève. Apparait en contre-bas la plaine du fleuve Guadalquivir, qui s’étend à perte de vue dans cette partie de la province de Cordoue. Une terre rase, ondulante, sans un arbre, sans une haie. Cette même terre épuisée, sur laquelle poussera en été, sous la chaleur ardente, blés ou tournesols. Les journaliers qui occupent les quatre cents hectares de Somonte ont décidé d’abandonner ces pratiques agricoles intensives. « Depuis que nous sommes ici, les oiseaux sont revenus et la vie aussi, confie Javier. L’homme appartient à la terre. Nous devons la respecter et veiller sur elle. C’est pour cela que nous allons faire ici de l’agriculture biologique paysanne. » Pour développer une agriculture en rupture avec le modèle dominant, les journaliers andalous font appel à leur sensibilité et à leur mémoire, ravivée par leurs parents ou leurs grands-parents.
Contre une répartition « féodale » des terres
Comme la plupart des 25 occupants permanents de la finca, Lola Alvarez se définit comme « journalière agricole, depuis toujours », et fière de l’être. Elle rappelle que les premiers pieds de tomates plantés dans le jardin de Somonte proviennent de semences très anciennes apportées par son père de 84 ans. « Dès que nous avons occupé Somonte, beaucoup de personnes âgées sont venues nous apporter des semences de piments, d’oignons, de laitues... Toutes les semences traditionnelles qu’elles avaient héritées de leurs parents et qu’elle avaient conservées et protégées précieusement année après année. » Les occupants ont aussi reçu des graines du réseau andalou Semences et de la coopérative française Longo Maï. Somonte sera libre de semences transgéniques et de pesticides. « Nous sommes fatigués de voir ceux qui spéculent avec la terre spéculer aussi avec les produits chimiques, avec les semences et avec l’eau. Il va être difficile de mettre les 400 hectares en agriculture biologique mais nous allons le faire », explique simplement Lola.
Les occupants ont aussi décidé d’en finir avec l’injuste et scandaleuse répartition féodale des terres en Espagne qui fait que la duchesse d’Alba possède encore 30 000 hectares de terres et le duc del Infantado, 17 000. Plus de 60 % des terres les plus riches du pays sont entre les mains d’une poignée de puissantes familles, qui spéculent avec elles et perçoivent la majorité des aides agricoles [2]. « La terre n’appartient à personne. Elle n’est pas une marchandise, s’insurge Lola. Elle doit être entre les mains de celles et de ceux qui la travaillent. Nous l’occupons pour nourrir nos familles et vivre dignement. »

Javier Ballestero, né dans une famille paysanne anarchiste, se réclame encore de cette tradition. « Les moyens de production doivent être au service du peuple. Pour cultiver sainement, nous n’avons pas besoin d’un patron qui nous exploite et nous vole. Nous voulons décider nous-mêmes de notre avenir. » Dans les années 80, pour initier une réforme agraire, le gouvernement autonome andalou (dirigé par le Parti socialiste ouvrier espagnol, PSOE) avait acheté plusieurs dizaines de milliers d’hectares aux grands propriétaires terriens. Il les avait grassement payés, pour qu’il n’y ait pas trop de mécontents. Mais n’avait pas redistribué les terres. L’objectif étant surtout de désamorcer un vaste mouvement d’occupations de terres organisé par le SOC qui réclamait alors des expropriations sans indemnisation.
Droit d’usage
Une partie de ces terres sont alors louées à des coopératives de petits paysans. Mais la grande majorité d’entre elles demeurent sous la responsabilité de l’Institut andalou de la Réforme agraire (IARA), et sont consacrées soit à des cultures intensives, soit à de vagues projets destinés à la recherche, pourvoyeurs d’importantes subventions européennes. Quelques hectares de la finca Somonte servaient ainsi de champs d’expérimentation à des cultures destinées à la production d’agro-carburants. Aujourd’hui, les socialistes dirigent toujours le gouvernement autonome. Comme les caisses sont vides, 22 000 hectares de terres appartenant à l’IARA ont été mis en vente aux enchères en 2011. Plus de la moitié ont été vendus.
« Le SOC a mené des occupations très dures dans les années 80. Elles ont notamment abouti à la création de la coopérative El Humoso, dans le village de Marinaleda, sur 1 200 hectares expropriés à la duchesse d’Alba », commente Lola Alvarez. « Depuis des années, nous ne menions plus que des occupations symboliques pour tenter d’infléchir la politique du gouvernement. Mais quand nous avons vu que les terres gérées par le gouvernement andalou allaient revenir entre les mains des spéculateurs, nous avons décidé de reprendre les occupations effectives. » Depuis l’occupation, la vente des terres a été suspendue. Mais les occupants ne souhaitent pas devenir propriétaires de Somonte. Il réclament un simple droit d’usage. Rappelant que depuis 20 ans, ces 400 hectares n’ont nourri personne.
Somonte, symbole d’une lutte populaire
L’Andalousie connaît actuellement un taux de chômage record de 34 % pouvant aller jusqu’à 63 % chez les jeunes de moins de 25 ans [3]. De nombreux Andalous, partis travailler comme ouvriers du bâtiment dans d’autres régions d’Espagne, reviennent aujourd’hui chez eux et proposent leur force de travail sur un marché agricole andalou déjà saturé et en crise. Avec la mécanisation à outrance et les mauvaises récoltes des oranges et des olives, il est désormais impossible aux 400 000 ouvriers agricoles de la région de réunir les 35 journées de travail annuelles nécessaires pour bénéficier d’une allocation mensuelle de 400 euros.
Fin 2012, le parlement andalou a demandé que le nombre de journées de travail exigé soit diminué. En vain. Cette crise sociale n’alarme pas les grands propriétaires terriens qui profitent de la situation pour mettre en concurrence les journaliers andalous avec la main d’œuvre immigrée, bien moins payée. Le SOC-SAT réunit des ouvriers agricoles de tous les horizons et organise régulièrement des grèves pour défendre leurs droits. Il dénonce aussi les injustices sociales, en organisant dans des supermarchés des opérations de récupération de produits alimentaires de base, distribués ensuite à des cantines de quartiers pauvres.

Durant l’été 2012, des marches ouvrières ont parcouru toutes les provinces andalouses pour dénoncer les mesures d’austérité. Une grande ferme appartenant à l’armée, laissée à l’abandon, a été brièvement occupée. Ce contexte social et politique tendu, et toutes ces luttes, font aujourd’hui de Somonte un symbole très populaire de la capacité des ouvriers à prendre en main leur destin. L’alimentation est au cœur des luttes.
Nourrir des milliers de familles de la région
Peu à peu, avec le soutien des anciens, d’ingénieurs agronomes, d’organisations locales et de réseaux de solidarité internationaux, le projet agricole de Somonte prend corps. Trois hectares de légumes ont déjà été mis en culture pour l’autoconsommation, la vente sur les marchés locaux ou dans une coopérative de consommateurs de Cordoue. Plusieurs dizaines d’hectares vont être consacrés à des cultures maraîchères. Quarante hectares seront réservés à de grandes cultures en rotation avec notamment du blé biologique. Les occupants de Somonte envisagent de planter près de 1 500 arbres de variétés locales, de développer des vergers d’abricotiers, de cerisiers, d’amandiers, de créer une oliveraie, d’entretenir des haies.
En décembre 2012, près de 700 arbres sont plantés le long du domaine. Une eau saine sera récupérée grâce à des retenues, des puits et à une protection des petits cours d’eau existants. Les occupants veulent réunir rapidement un troupeau d’au moins 300 brebis. Une grande partie de la production agricole de la finca sera transformée sur place dans des ateliers. Le projet agro-écologique et social de Somonte, organisé sous forme de coopérative de travailleurs, pourra donner du travail à plusieurs centaines de personnes et permettre à des milliers de familles de la région de se nourrir.
Occuper les terres, les logements et les banques
La situation de Somonte est aujourd’hui suspendue à la situation politique en Andalousie. Le nouveau parlement autonome élu début 2012 est majoritairement à gauche. Cela n’a pas empêché le Parti socialiste de faire expulser les occupants de Somonte, le 26 avril 2012, le jour même où il signait un accord avec la Gauche Unie. Le 27 avril au matin, la finca était de nouveau occupée. Aucune menace d’expulsion n’a été formulée depuis, mais les négociations sont au point mort.
« S’ils nous expulsent 20 fois, nous occuperons 21 fois ! », ironise Lola. « Nous n’avons pas le choix. Le gouvernement ne sait pas comment réagir. Et nous, pendant ce temps, nous montrons qu’une autre voie est possible. Nous disons qu’il faut occuper les terres pour avoir un travail et pour vivre. Mais il faut aussi occuper les logements pour donner un toit aux familles. Et il faut occuper les banques pour dénoncer les aides financières que nos gouvernements leur apportent tout en faisant payer les plus pauvres. Il faut occuper ! Voilà la solution. »
Texte et photos : Philippe Baqué

Notes

[1] Le SOC-SAT est l’ancien Syndicat des ouvriers agricoles (SOC). En 2007, il a été rebaptisé, syndicat des travailleurs andalous (SAT).
[2] Voir « Andalousie : la terre contre la crise », Jean Duflot, Archipel, journal du Forum civique européen de juin 2012.
[3] Voir « Un Robin des bois en Andalousie », Sandrine Morel, Le Monde, le 29 août 2012.

La guerre contre le terrorisme, la nouvelle religion de l’Occident (MediaBeNews)

La guerre contre le terrorisme, la nouvelle religion de l’Occident

Publié le 27/02/2013

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Mohamed al-Zawahiri, frère cadet du successeur d’Oussama Ben Laden, Ayman, a fait une déclaration particulièrement étonnante au Caire le mois dernier. S’adressant à propos du Mali à cette merveilleuse institution française qu’est le Journal du Dimanche, il a demandé au journal d’avertir la France « et d’appeler le peuple français raisonnable et aux sages de ne pas tomber dans le même piège que les Américains. La France est tenue pour responsable de l’occupation d’un pays musulman. Elle a déclaré la guerre à l’Islam. » La France n’aurait pas pu recevoir d’avertissement plus clair. Et sans surprise, le lendemain, un attentat suicide eut lieu dans la ville occupée de Goa, tandis que, dix jours plus tard très exactement, la France perdait son deuxième soldat au Mali, abattu par des rebelles au cours d’une bataille dans les monts Ifoghas. C’est là, selon la vieille rhétorique usée du Président Hollande, que s’était déroulée une bataille avec des « terroristes » qui étaient « piégés » dans la zone au cours d’une opération qui était dans « sa dernière phase ». La phraséologie est aussi lassante – on pouvait entendre la même dans pratiquement tous les communiqués US durant la guerre en Irak – que l’est l’incompréhension de l’Occident au sujet de la nouvelle Al Qaeda.
Seul le personnage de Pimprenelle de la baronne Orcyz peut lui être comparé. « Ils le cherchent par ici, ils le cherchent par là, ces Frenchies le cherchent partout… » Mais qui cherchent-ils, exactement ? Le dirigeant de quel groupuscule précis d’Al-Qaeda au Mali ? En réalité, nos maîtres et dirigeants ne semblent pas avoir la moindre idée de quoi ils parlent. Il y a quelques semaines, alors que la plupart d’entre nous ne connaissions même pas le nom de la capitale du Mali – avouez-le, chers lecteurs – nous avions tous l’impression que la résurgence d’Al Qaeda se déroulait en Irak, où elle lance des attentats presque quotidiennes contre les Chiites.
Puis est apparu « le spécialiste d’Al Qaeda » (qualifié ainsi par les éditeurs) Gregory Johnsen, avec un livre intitulé « The Last Refuge : Yemen, Al-Qaeda and the Battle for Arabia » (Le dernier refuge : Yémen, Al Qaeda et la bataille pour l’Arabie – NdT). Eh oui, braves gens, c’était l’ancien royaume de la reine de Saba qui avait attiré les durs-à-cuir : le livre ne faisait pas la moindre allusion au Mali. Et puis soudain – nous voilà foudroyés – voilà qu’il s’est avéré que les p’tits gars insaisissables d’Al Qaeda se trouvaient en fait dans le nord de la Syrie (se référer aux déclarations de la La Clinton et de notre propre Ministre britannique des Affaires Etrangères). Inutile de préciser que nous étions de retour au Mail dès le 12 février, lorsqu’Al Qaeda de la Péninsule Arabique (dont le QG est censé se trouver au Yémen, ne l’oublions pas) appela à la djihad au Mali contre les « croisés ». Bon, Al Qaeda avait réussi au moins à désigner une des nations européennes qui a effectivement participé aux Croisades originales. La presse occidentale, comme d’habitude, a répété cette narrative ridicule, en citant la bande habituelle de « spécialistes en terrorisme » à Londres, Paris et un peu partout en Occident.
Mais Dieu merci, nous avons aussi des auteurs arabes tels que Abdel Bari Atwan – qui connaissait le véritable Ben Laden mieux que tout autre journaliste – avec son livre « After Bin Laden : Al-Qa’ida, the Next Generation » (Après Ben Laden : la nouvelle génération d’Al Qaeda – NdT). Atwan – un vieil ami à moi, je précise – explique très exactement la métamorphose d’Al-Qaeda après l’exécution de Ben Laden et rappelle comment en 2005, il avait reçu par courrier électronique un document intitulé « La stratégie d’Al Qaeda jusqu’en 2020 », qui contenait sept « étapes » vers un califat islamiste mondial.
La première étape était de « provoquer l’éléphant américain à envahir des terres musulmanes où il serait plus facile pour les moudjahidin de le combattre. ». Etape 2 : la nation d’Islam se réveillera d’un long sommeil et sera furieuse devant une nouvelle génération de croisés bien décidés à occuper de larges zones du Moyen orient et à voler ses précieuses ressources. « Les graines de haine envers l’Amérique qu’Al Qaeda comptait récolter » dit Atwan, « étaient semées dès les premières bombes sur Bagdad en 2003. » En fait, comme je l’avais souligné après l’invasion, un message indirect de Ben Laden juste après l’aventure du Bush – message ignoré comme d’habitude par la CIA – appelait les membres d’Al Qaeda à coopérer avec les Baasistes haïs contre les forces US. C’était la première fois qu’Al Qaeda appelait à coopérer avec d’autres groupes – d’où la pléthore d’unités d’Al Qaeda qui combattent aux côtés d’autres organisations rebelles en Irak, Yémen, Libye, Algérie, Mali et maintenant en Syrie.
La troisième étape était un conflit entre l’OTAN et Al Qaeda dans le « triangle de l’horreur… en Irak, Syrie et Jordanie ». Au cours de la quatrième étape, « Al Qaeda deviendra un réseau mondial… ce qui facilitera énormément son implantation ». Au cours de la cinquième étape, le budget militaire US « s’écroulera en banqueroute, suivi par un effondrement économique ». La sixième phase est « le renversement des dictateurs Arables détestées. » Et pour finir, « l’ultime clash des civilisations et une grande bataille apocalyptique ». Au fait, Al-Zawahiri cite sans cesse l’ouvrage de l’historien de Yale, Paul Kennedy, « The Rise and Fall of the Great Powers » (La Montée et la Chute des Grandes Puissances – Ndt), qui voit l’effondrement économique comme prémisse à la chute des empires.
Les échecs d’Al Qaeda existent : aucun mouvement en « Palestine », qui est censée se trouver au cœur des préoccupations de Ben Laden et pas vraiment de succès dans le Liban hédoniste – bien qu’Al Qaeda ait tenté de provoquer un soulèvement dans un camp de réfugiés palestinien au nord et qu’il ait des militants dans l’énorme camp Ein al-Helwe à Sidon.
Atwan a écrit un chapitre troublant sur la guerre cybernétique – après tout, Al Qaeda est pratiquement capable de produire autant d’infos que n’importe quel journal – et parle de la possibilité d’une prise de contrôle du trafic aérien, de sites nucléaires, du réseau électrique, de tout ce que vous voulez. Et al-Zawahiri attache une importance particulière au pétrole Libyen. Couper l’acheminement du pétrole vers l’Occident. Cela a déjà été tenté en Arabie Saoudite, bien-sûr.
Atwan, de façon moins convaincante, décortique l’analyse de 2008 de Rand Corporation sur « comment disparaissent les groupes terroristes », une sélection de voeux à la mode CIA : tous les dirigeants sont « dronés » ou assassinés par d’autres moyens, des factions se forment et prennent le contrôle du mouvement et le détruisent, le groupe « rejoint le processus politique » (pensez au « Président » Hamid Karzai et les Taliban). Ben Laden avait une opinion là-dessus. « Vous dites que les Renseignements britanniques ont dit que l’Angleterre (sic) quitterait l’Afghanistan si Al Qaeda s’engageait à ne pas viser ses intérêts, » écrivait-il dans une lettre, un an avant sa propre mort, à un commandant qui n’allait pas tarder à être droné, (la « proposition » britannique avait une part cruelle de vérité). « N’acceptez rien… mais ne fermez pas la porte. »
Ha ! Ainsi, même Ben Laden se serait contenté de moins qu’un califat mondial. Je me demande si Hollande recevra un jour une « proposition » similaire lorsque ses trouffions se seront grillés au Mali. Je pense que non. Je crois encore à ce grand conte de John Wyndham, le Jour des Triffides. Personne ne savait comment se débarrasser de ces plantes mortelles qui envahissaient une terre devenue aveugle. Jusqu’à ce que la fille d’un gardien de phare, dans une dernière tentative pour sauver sa peau, arrose les plantes avec de l’eau de mer et qu’elles meurent.
Alors pourquoi ne pas mettre une fin aux épandages de bombes et d’uranium appauvri sur les peuples du Moyen Orient ? Et cesser d’envoyer nos pauvres armées occuper les terres musulmanes – ce qui est exactement ce que cherche Al Qaeda – et arrêter de corrompre les dirigeants arabes pour qu’ils écrasent leurs peuples. Ne pourrions-nous pas à la place instaurer la justice dans ces terres malheureuses ? Justice pour les Palestiniens, justice pour les Kurdes, justice pour les Sunnites irakiens, justice pour les gens du Sud Liban, justice pour ceux du Cachemire. Si l’Occident se décidait à livrer une véritable « croisade », Al-Qaeda, à l’instar des triffides, disparaîtrait. Les habitants du monde musulman pourraient ensuite décider de leur propre « califat ».
Mais la justice n’est pas faite d’eau salée, et nos maîtres et dirigeants désirent encore gouverner le monde, et il n’y a pas la moindre chance qu’ils mettent en péril leurs statuts, leurs réputations, leurs avenirs politiques, leurs vies pour une idée aussi farfelue. « La guerre contre le terrorisme » est la nouvelle religion de l’Occident – et comment peut-il en être autrement lorsque le Ministre de l’Intérieur français déclare « Il y a un fascisme islamiste qui monte un peu partout » ?
Le plus triste, c’est que nous sommes incapables de voir l’évidence : Al Qaeda a échoué à récupérer le soulèvement arabe ; aucun portrait de Ben Laden et aucun drapeau d’Al Qaeda n’a été brandi par les millions de manifestants dans les rues des capitales arabes. Mais peu importe, car il nous faut encore jouer avec le mythe des partis islamistes élus qui seraient des couvertures d’Al Qaeda, et que – caché dans les profondeurs – le monde islamique est véritablement dans un « clash des civilisations » avec nous, que nous devons les craindre et les haïr.
Et donc la guerre se poursuit. Qu’avait donc déclaré déjà, le magnifique Leon Panetta – mon secrétaire à la Défense US préféré – à Kaboul, il y a 18 mois ? « Nous sommes sur le point d’infliger une défaite stratégique à Al Qaeda. » Et à Londres, il y a quelques jours ? Il a appelé à exercer une « pression sans failles » sur le groupe. Est-ce que c’est le service de presse d’Al Qaeda qui écrit ses discours ? Ou y a-t-il une volonté obscure et cachée que nous partagerions avec Al Qaeda ? Une volonté partagée au plus profond de nos âmes respectives : celle de poursuivre la guerre.
Robert Fisk
http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/war-on-t…

Législatives italiennes : Tous les chemins mènent à Beppe Grillo …(MediaBeNews)


Face à la coalition de droite de Berlusconi et à la coalition de centre gauche de Barsini, Beppe Grillo réussit le tour de force de devenir le premier parti d’Italie. Au grand dam des antipopulistes primaires. Les adeptes de ce dernier clan vont pourtant devoir ravaler leurs cris d’orfraie et se faire une raison. Le choix du « tout à l’austérité », inspiré par l’Allemagne, était-il approprié ? Certes, une remise en ordre des finances publiques s’imposait. A quel prix, toutefois ? Le bilan économique des options prises est douteux. Et leur bilan politique désastreux. Qui se sent encore protégé par cette Europe qui, entre autres faiblesses, tremble devant les agences de notation et plie face aux marchés ? Le rêve européen est en train de se fracasser. De ce développement tragique, la responsabilité est partagée. Dans les hautes sphères des institutions européennes, on peut épingler José Manuel Barroso, qui a renoncé depuis longtemps au rôle d’aiguillon dévolu à la Commission. Il faut aussi montrer du doigt la plupart des dirigeants nationaux. Cette Europe froide, fonctionnelle, qui a érigé en dogmes quelques obsessions libérales largement anglo-saxonnes, est née d’eux. Ce que marque l’émergence d’un populisme de gauche, c’est la rupture bête et brutale des citoyens avec ceux qui prétendaient garantir leurs intérêts et qui ne parviennent même plus à masquer leurs collusions avec la finance en folie. Ah, la claque sur la figure de l’austérité personnifiée par le technocrate Monti (10,5%) ! Ah, la gifle à l’Union européenne et à sa triste Commission ! Cette victoire de Beppe Grillo doit leur rester sur l’estomac tels des raviolis Panzani façon Jolly Jumper ou des lasagnes Findus fourrées avec Seabiscuit…

Communiqué d’Acrimed à l’occasion de la mobilisation du 5 mars 2013 (Acrimed)

Solidaires de la mobilisation du 5 mars contre l’accord Medef-syndicats minoritaires (communiqué d’Acrimed)

le 28 février 2013
Communiqué d’Acrimed à l’occasion de la mobilisation du 5 mars 2013


Solidaires de la mobilisation du 5 mars
contre l’Accord Medef-syndicats minoritaires

Association de critique des médias, Acrimed (Action-Critique-Médias) se déclare solidaire de toutes celles et de tous ceux qui se mobiliseront le 5 mars 2013 à l’appel de plusieurs syndicats opposés à l’accord interprofessionnel du 11 janvier 2013 (intervenu entre le Medef et trois syndicats minoritaires) et, par conséquent, à la volonté du gouvernement de le transposer totalement dans la loi. Ce faisant, nous ne sortons pas de notre rôle. En effet, parmi les salariés et chercheurs d’emploi concernés, figurent les journalistes et salariés des médias qui sont, eux aussi, menacés d’une grave régression sociale qui ne serait pas sans effet sur la qualité de l’information, alors que nous en pointons souvent la médiocrité.
La réduction des effectifs dans nombre d’entreprises de presse et l’augmentation vertigineuse des journalistes précaires, pigistes ou en CDD, ne seraient pas enrayées, mais accélérées. Les chantages à l’emploi permettant des baisses de salaire et les menaces de licenciement collectif pourraient se multiplier. Les possibilités de recours et les contreparties consenties aux salariés si maigres que l’arbitraire patronal pourrait prospérer sans frein.
Qui peut croire un seul instant que la promesse d’une précarisation accrue des journalistes ouvre un avenir radieux à l’amélioration de l’information ?
Qui peut accepter, en particulier, que les aides à la presse que le gouvernement envisage de recentrer puissent être consenties sans des conditions sociales qui contrarient la précarité au lieu de l’aggraver ?
Si d’autres médias sont nécessaires – et ils sont nécessaires – ce n’est pas en laissant libre cours à l’arbitraire de leur appropriation privée.
C’est pourquoi, à Paris notamment, Acrimed sera présent aux côtés des manifestants.
Acrimed, le 28 février 2013

Les professeurs des écoles sont-ils des idiots ? (Le grand soir)

Non à une école primaire à deux vitesses !

Les professeurs des écoles sont-ils des idiots ?


La question se pose d’elle-même suite au compte-rendu médiatique de leurs dernières grèves – l’une qui mobilisa 90% d’entre eux à Paris le 22 janvier, l’autre, majoritaire, sur l’ensemble du territoire le 12 février – sans parler de leur participation massive aux débrayages et manifestations des fonctionnaires le 31 janvier.
Voilà ce que nous expliquent, avec un bel ensemble, M. Peillon et la quasi-totalité des journalistes : l’UMP a institué la semaine de quatre jours dans le primaire. Les professeurs des écoles avaient alors protesté et fait grève parce que cela surchargeait la journée de cours des élèves. Le PS au pouvoir revient à la semaine de quatre jours et demi, comme le réclamaient les enseignants et leurs syndicats. Alors les professeurs des écoles protestent contre la semaine de quatre jours et demi.
Qu’elle soit explicitée par les journalistes ou non, la conclusion s’impose dans l’opinion publique : ces salauds de profs ne sont jamais heureux ! Et ils débordent leurs syndicats, qui étaient contents du projet ! On dit blanc, ils poussent des cris d’orfraie ! On dit noir, ils hurlent comme des porcs qu’on égorge ! Pas la peine de les écouter, de toute façon, ils ne savent que râler et faire grève ! Ils sont négatifs et complètement idiots !
Diable ! À qui confions-nous nos enfants ? Ça fait peur ! Sauf que… les professeurs des écoles n’ont jamais protesté contre le retour au quatre jours et demi ! Ce serait d’ailleurs si aberrant qu’on se demande comment Peillon et les médias ont pu oser raconter de telles inepties.
Ce contre quoi ils se battent, c’est la mise en place, pendant la pause du midi ou en fin de journée, d’activités périscolaires organisées et financées par les municipalités, en violation grossière des principes de l’école républicaine : aux enfants des communes riches, des activités artistiques et sportives de haut niveau, aux autres, du remplissage bon marché. Sans compter que le statut des personnels qui encadreront ces activités est loin d’être clair, et que la vague de précarisation qui balaie l’école depuis un quart de siècle laisse craindre le pire !
À ceux qui crieraient au procès d’intention, nous nous contenterons de rapporter les propos du ministre Peillon lui-même : « la réforme des rythmes scolaires doit agir comme un levier pour faire évoluer l’école autour d’un projet éducatif territorial. » Les directions PS et PCF des grands syndicats enseignants, indulgentes pour les PS, n’ont pas pu contenir longtemps leurs troupes face à cette grave offensive…
Enfin, qu’il nous suffise de signaler que de plus en plus de parents d’élèves s’inquiètent en découvrant la réalité du projet ministériel (la direction PS-PCF de la FCPE elle non plus ne tient plus sa base…) ; que de plus en plus de maires, y compris PS, annoncent qu’ils n’auront pas les moyens de faire face aux dépenses induites par ce plan – Gérard Collomb, premier magistrat PS de Lyon lui-même, a annoncé vouloir « attendre 2014 » pour appliquer la réforme, à cause d’"un problème financier très important". C’est tout dire…
Alors, les professeurs des écoles sont-ils vraiment des idiots ? Ou Peillon est-il vraiment un serpent ?
Nous nous garderons d’imposer toute conclusion à nos lecteurs…
Didas Kalos
http://www.resistance-politique.fr/article-les-professeurs-des-ecoles-sont-ils-des-idiots-115715476.html
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mercredi 27 février 2013

Interview exclusive] Stéphane Hessel : « ce qui se passe actuellement est très dangereux » (Les crises)

Interview exclusive Stéphane Hessel : « ce qui se passe actuellement est très dangereux »
Je publie cette interview du 15/10/2012 en hommage à Stéphane Hessel qui vient de nous quitter. Pour les parisiens, un rassemblement aura lieu ce soir à la Bastille, avec des bougies.
Stéphane Hessel est né en 1917 à Berlin. Naturalisé français en 1937, normalien, il rejoint les forces françaises libres en 1941 à Londres. Résistant, il est arrêté, torturé et déporté à Buchenwald puis à Dora et ne doit la vie qu’à son évasion.
Il entre au Quai d’Orsay en 1945 et fait une partie de sa carrière diplomatique auprès des Nations-Unies où il assiste comme témoin privilégié à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Stéphane Hessel est connu du grand public pour ses prises de position concernant les droits de l’homme, le problème des « sans-papiers » et le conflit israélo-palestinien ainsi que pour son manifeste Indignez-vous ! paru en 2010 et succès international (près de 5 millions d’exemplaires).
Il a accepté de porter une motion au congrès PS de Toulouse, inspirée par le collectif Roosevelt 2012, qui a recueilli 12 % des voix le 12 octobre 2012. Il a accordé cette interview au blog www.les-crises.fr le samedi 13/10/2012 (merci à Roberto pour la transcription express).
Stéphane Hessel
Olivier Berruyer : M. Hessel, vous êtes l’auteur du livre « Indignez-vous », qui a été un gros succès avec presque 5 millions d’exemplaires. À l’époque, quelques esprits chagrins avaient souligné que l’indignation seule était insuffisante. En défendant une motion au PS, vous avez décidé de transformer l’indignation en action. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans ce combat ?
Stéphane Hessel : cette motion numéro 4 a été rédigée par des gens consciencieux et conscients des grands problèmes qui sont devant nous ; elle était d’ailleurs beaucoup plus longue et plus explicite que les autres. J’ai accepté de la soutenir à la demande de Pierre Larrouturou, car j’ai pour lui une importante considération depuis beaucoup d’années déjà. Il a été le premier à nous expliquer qu’il fallait pousser la Réduction du Temps de Travail beaucoup plus loin, et qu’elle n’aurait toute sa signification que si on arrivait à des semaines de 32 heures. C’était déjà une idée intéressante et juste, qui m’avait frappé, tout comme d’autres idées qu’il avançait.
Ma principale préoccupation, que j’ai essayé d’ailleurs de traduire dans les quelques pages de «Indignez-vous», c’est de voir que nous faisons face à des risques très graves que court actuellement non pas seulement la France, ni seulement l’Europe, mais je dirais la Civilisation. Car il y a trop longtemps que nous vivons otages d’une politique financière et politique complètement dévergondée, avec des crimes commis constamment contre le salarié de base, de la part des grandes entreprises corrompues et souvent cupides.
Par cette position que j’occupe maintenant depuis pas mal d’années dans le cadre de la gauche française, il m’a semblé qu’il était bon de stimuler le Parti socialiste – mon parti depuis très longtemps – pour qu’il mène des actions courageuses. Celui-ci a actuellement énormément de pouvoirs, mais il risque de ne les utiliser que pour se maintenir au pouvoir plutôt que pour transformer radicalement nos sociétés, ce dont elles ont besoin.
Tout ceci m’a donc amené à penser que cela valait la peine que je mette mon nom à la tête d’une motion. Je l’ai fait sans trop d’illusions, me doutant bien qu’une motion qui allait être concoctée en quelques semaines et qui allait être présentée très vite n’aurait pas une très forte majorité. Mais j’ai été agréablement surpris que nous ayons quand même dépassé les 11 %.
OB : Comment expliquez-vous que le Parti socialiste se soit finalement aligné assez fortement sur les principes de la dérégulation néolibérale dans les années 80 et comment expliquez-vous qu’il tarde autant à réagir pour essayer de re-réguler ?
SH : C’est exact. Le parti socialiste a été un peu prisonnier du climat général en Europe où, pour des raisons historiquement compréhensibles, prévalait la règle du « Surtout pas de marxisme ! ». On s’est donc laissé séduire par des idées comme celles de Milton Friedman : « le capitalisme est probablement inscrit dans les faits, pourquoi essayer de s’en débarrasser ? On va pouvoir au contraire profiter de tout ce qu’il apporte, de l’esprit d’entreprise, etc. »
Il semble que personne ne se soit aperçu que, d’année en année et de présidence en présidence, à force de dérégulation permanente, il nous resterait bien peu de socialisme… Je fais une parenthèse pour Michel Rocard, où, dans ses trois années de ministère, on a fait des choses très utiles, telles le RMI et la CSG ; il y avait une reprise d’une pensée économique marquée par le socialisme, mais cela n’a pas duré. Tout cela nous a conduit à une France qui, à la différence de l’Allemagne et de son modèle de capitalisme rhénan, n’a pas maintenu un minimum de responsabilité sociale.
C’est ce qui fait que j’ai trouvé que la présidence Sarkozy correspondait malheureusement à une tendance très répandue, depuis Thatcher et Reagan, et qui allait nous mener dans le mur. Pour toutes ces raisons, il m’a paru indispensable de redonner au Parti socialiste français le rôle qu’il n’aurait jamais dû cesser d’exercer.
OB : Comment expliquez-vous que dans les six premiers mois de présidence Hollande aussi peu de mesures, ne serait-ce que symboliques, aient été prises pour modifier la trajectoire du pays ?
SH : Il ne faut pas être trop sévère. Ce que Hollande a réussi dans ses contacts avec les autres Européens c’est d’imposer qu’après l’adoption d’un traité qui était un traité de régulation financière stricte, il y ait un élancement vers davantage de développement d’investissement de croissance. Donc je ne lui jette pas la pierre.
Vous dites six mois c’est trop, c’est vrai, mais ce n’est pas encore énorme : on peut donc encore accélérer le mouvement nécessaire. J’ai soutenu l’initiative Roosevelt 2012 pour rappeler que, dans les années 1930, le président Roosevelt, en l’espace de quelques semaines, avait vraiment renversé les données de l’économie américaine avec des résultats très importants. Et nous attendons un effort semblable de la part de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault. Alors pour le moment on ne peut pas dire que ce soit très visible, on a plutôt un peu de découragement devant le peu de mesures fortes prises très vite. Mais on peut aussi comprendre qu’il ne soit pas si facile de prendre des mesures courageuses très vite et qu’il est encore temps de prendre des mesures fortes.
OB : J’aimerais prendre maintenant un petit peu de recul sur la situation actuelle. Durant les 30 glorieuses, on a assisté à une énorme compression des inégalités, une forte augmentation des pouvoirs d’achat, bref, à une avancée très importante dans l’histoire économique humaine. Au contraire, à partir du tournant néolibéral (Reagan, Thatcher) de la fin des années 1970, on se rend compte que les inégalités se sont remises à augmenter très fortement, en particulier aux États-Unis – c’est un peu moins vrai en France. Elles y ont retrouvé leur niveau des années 1900. Comment expliquez-vous un tel recul social une telle acceptation, une telle résignation des peuples vers cette hausse des inégalités qui profite aux seuls 1 % les plus aisés ?
SH : Occupy Wall Street, en est le résultat, c’est tout à fait exact. Il est toujours difficile de tenter d’analyser un courant historique. Cet assoupissement est survenu au creux d’une économie néolibérale sans véritable contrainte, sans véritable régulation.
On peut peut-être attribuer une partie de cela à la chute de l’empire soviétique et au retour vers l’Europe de pays qui avaient été marqués par l’économie communiste et qui voulaient en changer radicalement. Il n’y a plus eu face à Reagan et Thatcher et face à Milton Friedman d’expériences chinoises, russes, polonaises qui auraient pu servir de bouclier.
Une autre raison est probablement que le capitalisme est intelligent et qu’il a réussi à donner l’impression qu’il y avait de la croissance alors que cette croissance était souvent liée à de l’endettement.
Bref, on ne s’en est pas aperçu à temps. Vous avez raison de situer cela après 1971, date du décrochage de l’or et du dollar ; il y a alors eu une poussée commencée vers ces années-là et qui n’a malheureusement été freinée par personne. C’est très malheureux, et les historiens décortiqueront cela. Certains économistes le font déjà, comme Joseph Stiglitz ou René Passet, qui sont passionnants pour démontrer combien on a perdu de terrain au cours des trente dernières années du XXe siècle.
OB : C’est sans doute le combat à venir du XXIe siècle, non?
SH : Ça devrait l’être et l’on peut donner une date, à mon avis intéressante, c’est l’an 2000. En l’an 2000, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a réuni à New York toutes les organisations non gouvernementales intéressées par l’évolution historique, et leur a demandé de définir les huit objectifs principaux de développement du millénaire. Ce texte-là est prodigieusement intéressant, car il montre clairement la façon dont il faudrait préserver les biens publics fondamentaux : l’eau l’énergie, le bois, la santé, l’éducation…
Ce texte qui devait amener les Nations unies à diviser par deux la pauvreté dans le monde en l’an 2015 n’a évidemment pas été, jusqu’ici, appliqué. Les rencontres successives, que ce soient Johannesburg, Rio et les autres et Copenhague, n’ont pas donné de résultats. Pourquoi ? Parce que les gouvernements ont été amenés à travailler ensemble, mais chaque gouvernement ne se préoccupait que de ses propres intérêts plutôt que ceux de la population humaine et pendant ce temps les sociétés humaines ont commencé à se réunir. Il y a eu Porto Alegre, il a eu des forums sociaux, ce n’est pas nul. Mais c’est encore infiniment moins puissant que la conjonction des plus riches, des 1 %.
OB : Ne trouvez-vous qu’il y a une forme de déchéance morale à ce que l’Occident ait finalement abandonné les objectifs du millénaire et que 25 000 habitants de la planète meurent toujours de faim tous les jours, alors qu’au moment de la crise financière en 2008, on a pu mobiliser des milliers de milliards de dollars pour venir en aide au secteur financier ? Ne pensez-vous pas que le tiers monde va finir par regarder l’Occident d’une façon très différente après ça ?
SH : Mais oui, c’est déjà le cas ! On ne peut comprendre ce qui nous arrive sous le nom de terrorisme que par l’accumulation de méfiance et quelquefois de haine à l’égard des puissances qui ont réussi et qui sont riches. Tout en étant d’ailleurs très endettées, c’est encore autre chose… Donc vous avez tout à fait raison. Nous courons de plus en plus le risque de voir des sociétés divisées entre extrême pauvreté et très grande richesse et ça, c’est un drame qui risque de nous couter très cher…
OB : Vous avez joué, en tant qu’observateur, un rôle dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Comment jugez-vous le recul depuis le 11 septembre 2001, d’un certain nombre de principes moraux, évidemment d’abord aux États-Unis : usage de la torture, assassinats ciblés sans procès ordonnés par Barack Obama dans des pays étrangers…. Et plus largement, comment jugez-vous l’évolution des droits de l’homme dans le monde ces dix dernières années ?
SH : Je crois qu’il faut être mesuré. Il y a effectivement, et vous venez de le souligner, un grave recul du respect des droits de l’homme notamment par des puissances qui ont des objectifs de domination mondiale ou de domination régionale. Et je mettrai deux pays en tête : les États-Unis et Israël. Dans l’un comme dans l’autre cas, on ne se soucie pas des droits fondamentaux, on poursuit la domination d’un pays et d’une puissance.
Mais il faut reconnaitre qu’à côté de cela, se développent dans beaucoup de pays des organisations de défense des droits de l’homme et qui, quelques fois, mobilisent même courageusement des foules. Il faut voir ce qui s’est passé récemment encore, que ce soit en Chine, en Russie, en Espagne, au Portugal et ailleurs : il y a une volonté de ne pas laisser bafouer les droits de l’homme qui trouve des porteurs. Pour le moment encore en quantité insuffisante, et si mon petit effort personnel à amener les gens à s’indigner s’inscrit là-dedans, c’est évidemment une toute petite chose par rapport à tout ce qui devrait se développer.
Mais il ne faut pas être uniquement découragé, car à côté des horreurs que vous signalez, qui sont en effet inacceptables, il y a des mouvements populaires dans beaucoup de régions du monde qui peuvent nous faire penser qu’une autre façon de voir les choses est possible. Il suffit pour cela de lire le petit livre d’Edgar Morin, « La Voie », dans lequel il montre que ce qu’il appelle presque une métamorphose humaine est possible. Parce qu’il y a aussi de plus en plus de gens qui veulent se débarrasser d’une attitude égoïste et corruptrice pour adopter profondément une attitude de sympathie, de respect et d’humanité.
OB : On voit que le printemps arabe apporte certaines désillusions, il y a des tensions très fortes autour de la Syrie aujourd’hui, l’Iran est sous la menace de bombardements dont on se demande jusqu’où les conséquences pourraient aller – comme si l’Humanité perdait la raison sur certains points. Comment jugez-vous les ferments de haine qui se développent actuellement sur la planète ?
SH : Je considère que ce qui se passe actuellement est très dangereux, très dangereux. Et que par conséquent, il faut très vite essayer de trouver des contrepouvoirs. Parce que la rapidité avec laquelle on démolit des zones entières, la façon dont, par exemple, on laisse la Chine acheter des terres en Afrique, tout ceci va poser de graves problèmes au climat. Toutes les atteintes portées actuellement à l’écologie des systèmes mondiaux sont d’une grande dangerosité.
En même temps, les choses sont toujours balancées, la prise en compte de ces risques s’accroit. Il y a un peu partout dans le monde, et même parmi les jeunes générations, de plus en plus de groupes qui se forment et qui essaient de lutter. Donc ça va mal, mais ça peut aller mieux. Dans le petit texte que notre motion a publié, nous avons écrit : « ça va plus mal qu’on ne vous le dit, mais on peut faire quelque chose».
OB : Quel regard portez-vous sur l’engagement des citoyens, et son évolution au cours des décennies passées ?
SH : Je dirais que l’engagement était faible pendant la deuxième moitié du XXe siècle, un peu plus fort pendant les 3 ou 4 dernières années du XXe siècle et qu’il est de nouveau retombé lourdement après la chute des tours du World Trade Center. Et il est actuellement en train de se reprendre.
OB : Vous avez vu qu’aujourd’hui l’Europe a été récompensée du prix Nobel de la paix, qu’en pensez-vous ?
SH : J’en pense un peu la même chose j’avais pensé quand Obama a eu le prix Nobel. Je dis qu’il faut s’en servir pour montrer que la seule signification qu’on tente de donner au prix Nobel de la paix, c’est de réaffirmer des valeurs humaines profondes qui devraient être respectées et l’on peut dire que malheureusement l’Union européenne telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ne mérite surement pas le prix Nobel, mais que si on le lui attribue, ça peut l’encourager à essayer de le mériter… (rires)
OB : Comment expliquer une telle modification de l’Europe, qui était partie sur des bases assez intéressantes, avant de s’engager dans un tournant néolibéral quasi-suicidaire ?
SH : C’est effectivement la question. L’Europe a été dominée par une oligarchie financière et économique, et elle n’a pas su développer ni sur le plan social, ni sur le plan culturel et éducatif, tout ce qu’elle aurait pu développer. Il ne faut pas sous-estimer certains efforts qui ont été faits et qui font qu’actuellement il y a une espèce d’européisme de la part des Européens ce n’est pas nul, mais c’est très insuffisant encore.
OB : Vous venez de sortir avec Albert Jacquard un livre sur le désarmement nucléaire, Exigez ! Un désarmement nucléaire total . Qu’est-ce qui vous a donné envie de remettre sous les projecteurs ce sujet?
SH : Car il m’horrifie particulièrement. Nous nous sommes laissé entrainer à vouloir faire de l’armement nucléaire en sachant parfaitement que l’on ne peut pas s’en servir. C’est complètement impossible de s’en servir si l’on veut rester à peu près civilisé. Et malgré ça, on dépense des fortunes et l’on ne fait pas l’effort pour l’énergie renouvelable. Et l’on ne fait pas l’effort pour la paix et on laisse les armements nucléaires se développer dans le monde. Donc c’est suffisamment préoccupant pour que je sois heureux de cosigner avec d’autres, un appel à s’en débarrasser…
OB : Cela fait soixante-dix ans que vous vous engagez très fortement, depuis la Résistance jusqu’à aujourd’hui, sans vous arrêter…
SH : J’ai eu la chance de passer à travers une longue vie et de pouvoir de temps en temps y manifester mes convictions. C’est tout ce que l’on peut faire c’est ce que vous faites aussi j’en suis sûr, et je vous félicite de continuer à le faire
OB : Et vous qu’est-ce qui vous a donné le courage de vous engager dans la résistance en 1941, de partir à Londres?
SH : Si vous voulez à l’époque c’était facile, il y avait un ennemi évident que l’on ne pouvait pas accepter. Il y avait un pays envahi et battu militairement que l’on ne pouvait pas laisser faire de l’armistice et il n’y avait qu’une chose à faire, c’est rejoindre le général de Gaulle
OB : Et vous n’aviez pas peur pour vous?
SH : Non (rires)
OB : Où trouvez-vous votre énergie ?
SH : Je ne la trouve plus, je vieillis et je commence à ne plus pouvoir marcher droit, donc mon énergie je la garde pour quelques conversations au téléphone, qui me font plaisir, comme en ce moment. Mais pour le reste l’énergie, il n’y en aura bientôt plus. Mais tant que j’en ai, je suis content de pouvoir au moins l’utiliser…
OB : Avez-vous un message à transmettre aux jeunes qui liront cet interview ?
SH : Mon message c’est: «courage et confiance ! » Il faut avoir confiance en soi. Il faut se souvenir que Socrate nous disait: «Connais toi-même et aie confiance en toi» et il faut avoir du courage. Car les choses qui paraissent insupportables et insurmontables ont été dans le passé supportées et surmontées et il ne faut pas laisser tomber!

Aymeric Chauprade : les grandes tendances géopolitiques du moment, la place de la France (1/2)(realpolitik)

Aymeric Chauprade : les grandes tendances géopolitiques du moment, la place de la France (1/2)

Première partie. Aymeric Chauprade revient sur les grandes tendances géopolitiques du moment et se penche sur la place de la France dans le monde. Entretien réalisé avec Xavier Moreau pour Realpolitik, le 13 février 2013.

 

Aymeric Chauprade : les grandes tendances... par realpolitiktv

Philippe Bechade 27 Février 2013 (j'ai un doute)



Un SDF gagne le gros lot grâce à son honnêteté (J'ai un doute)



BUDGET L'Etat doit trouver six milliards d'euros de recettes en plus (20MN)

BUDGET L'Etat doit trouver six milliards d'euros de recettes en plus

L'effort fiscal ne prendra pas fin en 2013. Lundi, le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, a annoncé qu'il était désormais établi que l'Etat devrait trouver « six milliards d'euros de recettes supplémentaires » en 2014. L'Etat devra de même éviter une envolée des dépenses publiques, qui pourraient, sans nouvelles économies, atteindre 57 % du PIB, un record historique. Cette annonce vient s'inscrire dans le processus de révision initié par les prévisions à la baisse publiées vendredi par la Commission européenne.

Gages à BruxellesLe gouvernement français commence ainsi à donner des gages à Bruxelles, afin de pouvoir repousser son objectif d'un déficit public sous les 3 % du PIB, prévu pour 2013, à 2014. Le budget que la France présentera pour l'an prochain « comprendra donc de nouvelles coupes dans les dépenses, mais également de nouvelles recettes fiscales », explique Jacques Le Cacheux, directeur du département des études de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Les annonces déjà formulées sur la fiscalisation des allocations familiales ou encore sur la suppression de la demi-part fiscale étudiante sont « la preuve que des pistes sont lancées », poursuit l'économiste.
Toutefois, il sera difficile d'atteindre six milliards d'euros de recettes avec ces mesures. « La hausse de la TVA pourrait aider à générer ces recettes, sauf si elle a déjà été intégrée dans les calculs de l'Etat, poursuit Jacques Le Cacheux. Il faudrait alors chercher des recettes ailleurs. » Et ces six milliards ne comprennent pas la coupe de 1, 5 milliard d'euros en 2014, puis en 2015, dans les collectivités locales. 2014 devait être l'année de sortie de crise. « Mais on peut craindre en effet un éloignement de la croissance », assure-t-il. Il n'y aura pas d'impact immédiat sur le portefeuille des Français, mais les conséquences pourraient être visibles sur leur consommation « lorsque nous saurons ce qu'il y a dans le budget 2014 », conclut-il.

bertrand de volontat

Manifestation de sans-papiers, tout le monde au poste ! (Regards)

Manifestation de sans-papiers, tout le monde au poste !

Sophie Courval| 26 février 2013

Ce matin, lors d’une manifestation de sans-papiers devant le ministère de l’Intérieur, les forces de l’ordre ont embarqué l’ensemble des militants… pour un contrôle d’identité.

« Ils nous ont tous arrêté », raconte Denis Godard, militant du NPA et membre du mouvement Faut-il mourir pour avoir des papiers. « Tous », c’est-à-dire environ 70 manifestants rassemblés sous les fenêtres de Manuel Valls pour réclamer l’égalité des droits entre Français et Immigrés ainsi que la régularisation des sans-papiers. Une initiative peu appréciée par le ministre de l’Intérieur puisque vers 9h30 les forces de l’ordre sont intervenues sur place. « Ils ont essayé de trier les manifestants, pour embarquer uniquement les sans-papiers, décrit Denis Godard. Mais certains d’entre-nous ont refusé de donner leurs papiers et nous avons exigé d’être arrêtés tous ensemble. » La raison de cette discrimination à l’arrestation semble être la présence du médiatique Olivier Besancenot dans les rangs des militants. Solidaire, ce dernier a donc fait partie du convoi et rejoint le commissariat du 18e arrondissement de Paris où après un "simple" contrôle d’identité les manifestants ont tous été relâchés. « Ces arrestations sont de plus en plus fréquentes, déplore Denis Godard. Notamment depuis la fin de la grève de la faim des sans-papiers de Lille. Comme les autorités ont accepté certaines choses lors de ce mouvement, elles envoient maintenant un message de fermeté. » Si l’année 2012 a été une année record en terme d’expulsion (36000), c’est certes dû en grande partie au zèle du gouvernement Sarkozy lors des six derniers mois de son mandat. Cela dit, le nouveau gouvernement ne semble pas décidé à enrayer la machine, alors qu’il était précisément très attendu sur ce dossier. « Depuis l’élection de François Hollande, la coordination des sans-papiers 75 a fait plusieurs demandes pour être reçu par le ministre de l’Intérieur. Hollande lui-même s’y était engagé. Résultat, ça fait plus de six mois et toujours rien », raconte Denis Godard. Dommage. Les militants avaient pourtant beaucoup à dire à Manuel Valls à propos de sa circulaire régissant la régularisation des sans-papiers. Un texte qu’ils jugent trop restrictif et qui selon eux ne devraient pas concerner beaucoup de sans-papiers. Condamnés à rester aux portes du ministère, c’est donc depuis la rue que les militants s’expriment, réclamant à travers un mégaphone l’abrogation de la circulaire. La réponse ne se fait pas attendre. À peine une demi-heure après le début de la manifestation, les forces de l’ordre rappliquent sur les lieux pour faire place nette. Comme une impression de déjà vu…







Olivier Delamarche: « les marchés vont se péter la figure! »

Olivier Delamarche: « les marchés vont se péter la figure! »

Alliance de crasses (Le grand soir)

Ne le répétez pas, dit-il, mais les CDI, c’est fini. Hollande devra faire ce travail.

Alliance de crasses



« La fin du CDI » ? Il y a un an, les financiers en rêvaient. Aujourd’hui, Hollande le fait. Avec la bénédiction de la CFDT.
Le vendredi 11 janvier au soir, le Médef et la CFDT signent un « accord sur l’emploi ». « Un tournant majeur du quinquennat de François Hollande », salue Libération, « une première victoire sur la scène nationale », une « négociation [qui] apporte une bouffée d’air au dialogue social dans un pays au bord de l’asphyxie », etc.
Laurence Parisot, aux anges, déclare que « ce soir, les partenaires sociaux ont placé la France en haut des standards européens en matière de marché du travail et de relations sociales », que c’est un « accord historique parce que son contenu est profondément innovant, parce qu’il couvre un champ très large de la vie du travail, de la vie sociale, parce qu’il va transformer la gestion des ressources humaines ».
Pourquoi la patronne des patrons jubile-t-elle ainsi ? Parce que ce texte va « déjudiciariser la procédure de licenciement ». Et donc les faciliter. Ce qui est une priorité, c’est logique, dans un pays qui compte – officiellement – plus de trois millions de chômeurs, plus 10% en un an.
Je repense, alors, à Nicolas Doisy
C’est le « chief economist » de Cheuvreux, une société de courtage qui conseille 1 200 « investisseurs institutionnels », des fonds de pension anglo-saxons. Nous l’avions rencontré l’an dernier, juste avant la présidentielle. Dans notre journal (n°55), à la radio avec Là-bas si j’y suis et en vidéo avec Les Mutins de Pangée, nous avions fait connaître « le plan de bataille des financiers ».
Dans une note, il prédisait :
« La nécessité d’une libéralisation du marché du travail est le résultat direct d’une appartenance de la France à la zone euro, aussi ne peut-on avoir l’une sans avoir l’autre. Avec l’Allemagne qui a libéralisé son marché du travail récemment (et l’Espagne et l’Italie qui suivent maintenant), François Hollande n’aura guère de choix. »
A l’oral, il se montrait plus précis :
« Aujourd’hui, le modèle français, le modèle du fameux CDI, est en train d’arriver en bout de course. Le CDI tel que nous l’avons connu, nous ne le connaîtrons plus, normalement. Le prochain président de la République, quel qu’il soit, va devoir faire ce travail », « permettre une plus grande flexibilité », « réduire substantiellement un grand nombre de garanties dont bénéficient les titulaires de CDI », etc.
Ce samedi 12 janvier au matin, me vient cette curiosité : était-il aussi satisfait que le Médef ? Je l’appelle et laisse un message à sa secrétaire.
Je lui envoie un courriel, aussi :
« Est-ce que l’accord sur la “flexisécurité” correspond bien à vos attentes sur “la fin du CDI, tel qu’on le connaît” ? La présidence de François Hollande, dans l’ensemble, répond-elle à vos attentes ? »
Il m’adresse une assez longue réponse. Mais mentionne – en majuscules :
« JE NE SOUHAITE PAS QUE CES LIGNES SOIENT REPRISES D’UNE QUELCONQUE FACON DANS UN QUELCONQUE MEDIA OU SITE INTERNET ».
On résumera donc : il est content. C’est un pas dans la bonne direction. Même si, d’après lui, il faut encore aller plus loin.
Je repense, aussi, à Corinne Gobin
C’est une politologue belge, qui étudie, notamment, le discours de la Confédération européenne des syndicats (CES) – dont la CFDT est un membre historique.
En visite à Bruxelles, elle m’avait expliqué d’où venait tout ce baratin de « dialogue social » et de « partenaires sociaux ». Ça date des années 80, de Jacques Delors, un chrétien « de gauche », proche de la CFDT. Et là, je recopie un extrait de ses publications scientifiques :
« De nombreuses stratégies furent déployées par la Communauté européenne en vue de créer un large soutien au projet de “Marché unique”. » Et notamment « un nouveau lexique qui accompagnait, décrivait, justifiait et donnait sens au projet de “grand marché”. » Ainsi de « dialogue social, partenaires sociaux, cohésion sociale, dimension sociale du marché intérieur, Europe sociale, modèle social européen »...
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Ces mots, et les idées qu’ils portent, d’abord lancés par la Commission, ont essaimé dans le discours syndical. à son congrès de 1985, la CES résistait encore : son rapport d’activité stipulait que la Confédération n’était pas prête « à se laisser imposer une politique de régression systématique, que ce soit sous les vocables de flexibilité, de compétitivité ou tout autre terme qui peut encore être inventé ». Et, de fait, toutes ces expressions étaient totalement absentes des résolutions. Dix ans de delorisme plus tard, en 1995, ces « vocables » sont adoptés, les délégués de la CES en ont plein la bouche : « compétitivité » (11 fois), « flexibilité » (7 fois), « partenaires sociaux » (24 fois), « dialogue social » (10 fois), « cohésion » (9 fois)… Et la « politique de régression systématique » semble se répandre :
« Le rôle de l’Union, explique la résolution générale de la CES, doit être de stimuler l’essor et la modernisation de l’industrie et des services européens en renforçant leur compétitivité et en recherchant la qualité globale. » Une décennie : de l’hostilité à l’acceptation, le chemin ne fut pas si long. « Et le pire, sans doute, conclut la chercheuse, c’est que ces raisonnements, ce lexique, ces reculades se propagent depuis la CES jusque dans ses syndicats membres.
Vous allez retrouver, dans les discours de la CFDT, de FO, le vocabulaire de la Commission : formation tout au long de la vie, partenaires sociaux, etc. »
Je repense, enfin, à Jean-Claude Feite
C’est un ancien militant de la CFDT à Longwy, du temps où coulait l’acier. Quand je passe chez lui, il cite souvent cette phrase, avec une fureur lassée : « Il faut retirer les hauts fourneaux de la tête des sidérurgistes lorrains. »
C’est une maxime de Jacques Chérèque, un « ouvrier devenu ministre », comme le titre le bulletin de la CFDT, et sa carrière fulgurante renseigne sur l’éternelle prime aux renégats. Ce cadre cédétiste a vécu Mai 68, en Lorraine, comme « une partie de plaisir, la fiesta partout, la grande euphorie démocratique » – nous informe son autobiographie. Permanent de la CFDT, il participe, en 1973, à « l’affaire Lip », pendant laquelle les ouvriers occupent leur usine et prennent en charge la production. « L’autogestion est le thème à la mode », commente-t-il. Mais à la fin des seventies, la « mode » bouge et Jacques Chérèque avec : dans sa région, contre une CGT combative, il se fait le chantre du « réalisme », de la « restructuration », « des solutions de remplacement ».
Et là, en 1984, « coup de théâtre » écrit le périodique (mais en est-ce vraiment un ?) : le voilà préfet délégué pour le redéploiement industriel en Lorraine, nommé par Laurent Fabius. Les grands esprits se rencontrent. Quatre ans plus tard, sous Rocard, il est promu secrétaire d’état à l’Aménagement du territoire et à la Reconversion industrielle. Avec les résultats qu’on sait pour la « reconversion industrielle ». En revanche, côté « reconversion personnelle », tout se passe bien : il sera élu conseiller général et conseiller régional, socialiste ça va de soi. Son fils François a pris la relève.
Aussitôt signé « l’accord sur l’emploi », Chérèque junior entre au service du gouvernement, intègre l’Inspection générale des affaires sociales, hérite d’une mission sur la pauvreté. Juste rétribution, pour services rendus à ses alliés socialistes.
Une belle leçon pour les travailleurs : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge »...
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François Ruffin
Fakir, bimestriel. 32 pages, 3 euros
http://www.fakirpresse.info/

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mardi 26 février 2013

A Rio, des habitants expulsés avant la Coupe du monde et des cours d’anglais pour les prostituées (Blogapares)

A Rio, des habitants expulsés avant la Coupe du monde et des cours d’anglais pour les prostituées

1x1.trans A Rio, des habitants expulsés avant la Coupe du monde et des cours danglais pour les prostituéesLe se prépare à la coupe du de football qui se tiendra en 2014, ce qui exige de sérieux investissements qui se font souvent comme à chaque fois que survient un évènement sportif majeur, au détriment des plus démunis.
Alors on expulse les gêneurs, sans rien proposer en retour et on forme les prostituées à la langue de Shakespeare, histoire de faire rentrer les devises. Vive le sport.

Les : Article de TerraEco
A , au Brésil, des familles sont délogées pour les préparatifs de la , qui aura lieu en 2014. Des journalistes citoyens brésiliens racontent en vidéo
Sans avis préalable, les bulldozers et les agents de la mairie de Rio sont venus à la fin de l’année 2010 pour démolir les maisons et les commerces de 153 familles qui vivaient dans la communauté Restinga. Francisca de Pinho Melo a tout perdu :
« J’ai vu une machine détruire le portail. J’ai essayé d’entrer par devant et un type qui travaillait là avec eux m’en a empêchée. Je me suis tout de suite accrochée à la chaîne, pensant qu’ils viendraient me chercher pour discuter avec moi et les autres habitants. Mais ma sœur et ma fille criaient, me demandant de sortir. Je suis rentrée chez moi, j’ai pris un sac de documents et je suis allée chez un de mes frères. Je suis restée en état de choc, sans m’arrêter de pleurer. Pourquoi font-ils ça ? Pourquoi prennent-ils le toit de tant de gens dans le besoin ? »
L’histoire de Francisca a été filmée par l’équipe de l’agence brésilienne Pública et publiée via un webdocumentaire. C’est le deuxième de la série « Des séquelles pour nous », réalisée par l’organisation de défense des droits de l’homme Witness en partenariat avec Rio Copa e Olimpíadas (le Comité populaire Rio, Coupe du monde et Jeux olympiques). On y voit les agents de la mairie de Rio et les rouleaux compresseurs arriver sans préavis pour détruire les habitations et les commerces de 153 familles de la communauté Restinga, dans l’ouest de Rio de Janeiro. Les expulsions ont été décidées pour céder la place aux travaux d’élargissement de l’Avenida das Américas, dans le quartier de Recreio dos Bandeirantes, nécessaires à la réalisation du système de bus en site propre.
Jusqu’à présent, les montants des indemnisations reçues par les habitants sont négligeables et les commerçants n’ont reçu aucun dédommagement, malgré le décret Municipal 20.454 de 2001 qui précise que, dans le cas d’une expulsion d’un établissement commercial « sera offert un nouveau local commercial, une indemnisation ou l’achat d’un autre bien soumis aux mêmes critères définis pour les bâtiments d’usage résidentiel, prévus dans les projets du Service municipal pour le logement [SMH] ».
D’après le documentaire, 8 000 personnes ont déjà perdu leurs maisons à Rio de Janeiro depuis le début des préparatifs et le dossier du Comité populaire Rio da Copa e Olimpíadas établit qu’environ 30 000 personnes subiront des expulsions à cause de la Coupe du monde en 2014 et des Jeux olympiques en 2016.

La fin de la menuiserie, le gagne-pain de la famille

Dans la vidéo, Francisca raconte qu’elle a perdu la menuiserie dans laquelle elle travaillait avec son mari, sa fille et deux membres de sa famille et qu’il faut désormais repartir de zéro dans un autre quartier, en vendant des repas.
« Cela faisait environ six ou sept ans que je travaillais dans la menuiserie. Nous avions un bon chiffre d’affaires, qui nous permettait de subvenir à nos besoins. Quand cela est arrivé, on est restés environ trois mois sans rien gagner, mais on continuait à dépenser. On a dû devenir locataires. Le plus difficile, c’est les enfants, c’est difficile de voir un enfant dans le besoin. Mes amis, la famille, les voisins nous ont donné un toit et un comptoir et maintenant je vends des repas, des sandwichs, des boissons fraîches. Je travaille 18 heures par jour. »
Francisca, qui, en plus de sa maison, a perdu un travail et une source de revenus, [a expliqué à Copa Pública] qu’elle continue à lutter grâce à une aide juridique gratuite afin d’obtenir une indemnisation juste pour la perte de la menuiserie – pour la maison, elle doit accepter la valeur symbolique de 3 800 reais [environ 1 400 euros] offerte par la mairie :
« J’ai tout perdu, ma maison, mon travail, la source de revenus de ma famille. Le pire, c’est pour ceux qui habitaient et travaillaient au même endroit et qui n’ont rien reçu. »
Regardez le documentaire (en portugais, sous-titré en anglais) :
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Source: TerraEco
Formation à l’anglais: Article de Melty
Le Brésil se prépare doucement à la tenue d’un évènement sportif majeur. Si la coupe du monde de football qui se tiendra au Brésil en 2014 a exigé de sérieux investissements (parfois au détriment des plus démunis), le Brésil sait bien que les millions de touristes qui afflueront alors, seront autant de portes-monnaie bien remplis qui s’ouvriront à la moindre tentation. Et si le Mondial de football est devenu un business fort lucratif, le commerce du sexe n’a quant à lui jamais vraiment connu la . melty.fr vous en dit plus. Mais pour tirer un maximum de profit en 2014, les prostituées brésilienne devront se faire polyglottes. À l’initiative de l’association Aspromig, les professionnelles du sexe de la ville de Belo-Horizonte (sud-est) où aura lieu la demi-finale du mondial, recevront, si elles le souhaitent et à titre gracieux, des cours d’anglais, de français ou d’espagnol. Sur les 4000 adhérentes à l’association, une vingtaine ont déjà répondu à l’appel. 300 inscriptions sont attendues d’ici la fin de l’année. Un succès qui ne doit rien au hasard. Selon de nombreuses prostituées, il s’agit là du meilleurs moyen de négocier les prix de leurs passes ainsi que de saisir l’essence des demandes de leurs clients.
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Source: Melty